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« Tout se déroule comme si les quartiers se trouvaient dans un vide politique, comme si les frustrations et les révoltes n’aboutissaient à aucun processus politique »

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Enseignant éminent en sociologie à l’université de Bordeaux, François Dubet a œuvré sur la théorie sociologique, la sociologie de l’éducation, les inégalités sociales et les sentiments d’injustice. Il est l’auteur de La préférence pour l’inégalité. Comprendre la crise des solidarités (Seuil, 2014), Le temps des passions tristes. Inégalités et populisme (Seuil, 2019) Tous inégaux, tous singuliers. Repenser la solidarité (Seuil, 2022).

Que vous inspirent la mort, à Nanterre, de Nahel M. par un policier et les émeutes qui ont éclaté ensuite dans la plupart des banlieues françaises ?

Chaque “bavure” policière, chaque révolte des banlieues est singulière, mais c’est la répétition des événements qui devrait nous interroger.

Depuis les émeutes de la banlieue lyonnaise, dans les années 1980, nous avons vécu plusieurs dizaines de révoltes – certaines locales, d’autres plus vastes comme en 2005, certaines dans de grandes villes, d’autres dans de plus petites. À chaque fois, un ou plusieurs jeunes ont été tués ou blessés par la police, et à chaque fois, les jeunes ont vandalisé les infrastructures publiques de leur quartier – les mairies, les centres sociaux, les écoles… À chaque fois, la violence a dépassé les cités et à chaque fois, les pillages se sont mêlés à la révolte. Dans tous les cas, les parents ont compris ces jeunes qui sont leurs enfants tout en condamnant les violences qui détruisent leur quartier.

Lire aussi : Qu’est-ce qui avait déclenché les émeutes de 2005 et comment ont-elles pris fin ?

Chaque fois aussi, certains condamnent les violences policières, la ségrégation, le racisme, la pauvreté et les ghettos urbains, tandis que d’autres condamnent les migrants et la sauvagerie de la société. L’impuissance des acteurs politiques semble également se répéter : la fermeté de Nicolas Sarkozy en 2005 [alors ministre de l’intérieur] n’a pas réussi à éteindre les incendies tout comme l’attitude plus compréhensive d’Emmanuel Macron aujourd’hui. La seule nouveauté des événements d’aujourd’hui, à Nanterre et ailleurs, réside dans le rôle croissant des réseaux sociaux et, semble-t-il, dans l’extrême jeunesse des émeutiers.

Les jeunes ont le sentiment que les pouvoirs publics n’ont pas fait grand-chose, ou presque rien, dans les quartiers populaires depuis le début des années 1980. Est-ce exact ?

On ne peut pas dire que rien n’a été fait. Dans de nombreux quartiers, le logement et les infrastructures ont été améliorés : des appartements ont été rénovés, les immeubles les plus insalubres ont été démolis, des écoles et des équipements sociaux ont été ouverts, les lignes de bus ont été multipliées… C’est sûrement insuffisant, mais le cadre de vie a été légèrement amélioré – d’ailleurs, Nanterre n’est pas la cité populaire la plus dégradée.

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