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Montréal durement frappée par la consommation destructrice de fentanyl

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Des personnes attendent à l’extérieur d’Insite, un site de consommation supervisée, dans le quartier Downtown Eastside (DTES) de Vancouver (Canada), le 3 mai 2022.

« En vingt-cinq ans d’héroïne, je n’ai jamais fait une seule surdose. En trois mois de fentanyl, j’en ai déjà fait trois. » Appuyé sur le couvercle d’une poubelle dans le centre de Montréal, Eric Talon sort une boîte de sa poche. A l’intérieur, un caillou bleu friable, la forme la plus répandue du fentanyl vendu dans les rues canadiennes.

Comme des centaines d’autres consommateurs montréalais, le quinquagénaire au teint cireux s’est accoutumé à cette drogue de synthèse, et à son danger. « Chaque jour, quelqu’un que je connais en meurt », marmonne, le regard perdu, celui dont la compagne est morte d’une overdose, au printemps. Le fentanyl, mélangé à d’autres stupéfiants, est responsable de quatorze décès par mois à Montréal depuis le 1er janvier. Le nombre de surdoses non mortelles recensées ces dernières semaines a doublé par rapport à 2022.

Quarante à cinquante fois plus puissant que l’héroïne, l’opioïde fait des ravages en Amérique du Nord, de Vancouver, sur la côte canadienne du Pacifique, à Philadelphie, sur la Côte est des Etats-Unis. Montréal, où la cocaïne était encore récemment en position dominante en raison de sa qualité locale, est la dernière des grandes métropoles canadiennes à voir grimper en flèche la consommation de fentanyl. Les premières vagues de surdoses y ont été observées en 2014, dans le quartier populaire d’Hochelaga. Depuis, l’opioïde a vu son usage augmenter, notamment à la faveur de la crise sanitaire. « L’année 2020, avec l’arrivée du Covid-19, a été un véritable point de rupture », estime Jean-Sébastien Fallu, chercheur à l’université de Montréal, spécialiste en toxicomanie.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le fentanyl, la drogue qui ravage les Etats-Unis

Les fermetures de commerces et la hausse des loyers ont jeté un nombre croissant de personnes à la rue. La pénurie d’héroïne, au début de la pandémie, a également poussé certains usagers vers cette supermorphine. De nombreux sans-domicile-fixe sont facilement happés par la consommation de cette nouvelle vague de stupéfiants, plus addictifs que les produits comparables en circulation jusqu’ici.

D’autres facteurs sont plus inattendus, liés aux mesures publiques de lutte contre la drogue. « Les politiques nationales de prohibition ont rasé l’héroïne de la carte des ventes », ouvrant la voie au fentanyl, rappelle M. Fallu, qui estime que l’héroïne avait, au fond, « prémuni Montréal de la vague des opioïdes de synthèse ». Depuis, le fentanyl est synthétisé dans des laboratoires clandestins locaux. Dans la rue, à dose équivalente, il est un tiers moins cher que l’héroïne. « Lorsqu’il n’y a plus que ça à portée de main, les consommateurs précaires s’en remettent » à cette substance, estime Jean-François Mary, directeur général de Cactus, l’un des plus vieux programmes communautaires accompagnant les usagers de drogues au Québec.

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