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Jusqu’à présent, nous étions les grands-parents. Nous échangeons de place

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De la promesse faite à sa sœur, Sandrine Bouchait se rappelle chaque mot. C’était le samedi 23 septembre 2017, et Ghylaine, 34 ans, gisait sur son lit d’hôpital. « Tu peux partir en paix, ne t’inquiète pas. Je te promets que je m’occuperai de Cloé, et que ce qu’il t’a fait ne restera pas impuni », a-t-elle juré à travers ses larmes à sa cadette, plongée dans le coma, son corps brûlé à 92 %. Quelques heures plus tôt, son compagnon, avec qui elle vivait depuis dix ans, l’avait immolée par le feu dans leur appartement du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine). Elle est morte le lendemain.

En quittant la chambre de Ghylaine, Sandrine Bouchait s’est immédiatement rendue auprès de la petite Cloé, hospitalisée dans un autre établissement après avoir inhalé de la fumée. La fillette de 7 ans était présente au moment des faits. « Je lui ai demandé si elle était d’accord pour que je m’occupe d’elle à partir de maintenant. » Cloé a répondu oui. « Mais de toute façon, je l’avais déjà promis à ma sœur », raconte la tante. L’année du meurtre de Ghylaine, 130 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. En 2020, elles étaient 102, 122 en 2021. Les chiffres officiels pour 2022 ne sont pas encore connus.

Derrière les victimes directes, des familles entières sont plongées dans l’affliction. Des parents, des amis, des proches, dont l’existence est marquée à jamais par ces meurtres. Parmi eux, il y a ceux qui se retrouvent, du jour au lendemain, responsables des enfants de la défunte. Des grands-parents, des oncles, des tantes, dont la vie se transforme radicalement.

Agir tout de suite

Comment refaire famille après ces morts violentes ? Quels liens se tissent, se réinventent, avec la douleur en toile de fond ? Comment cultiver le souvenir de la morte et gérer la relation avec l’auteur des faits, lorsqu’il est le père et encore en vie, et plus largement avec l’autre côté de la famille ? C’est cette dimension de la « vie d’après » que nous ont confiée nos interlocuteurs. Sandrine Bouchait, la sœur de Ghylaine, a recueilli chez elle sa nièce Cloé. Lucien Douib, le père de Julie, assassinée en mars 2019, élève avec sa femme, Violette, leurs deux petits-fils, Tony et Lucca, aujourd’hui âgés de 12 ans et 14 ans. Et Kamel et Djohar Daoud sont venus d’Algérie pour prendre soin de leurs trois petits-enfants, Hassan, Mélissa et Saïd, après la mort de Chahinez, brûlée vive par son ex-compagnon, le 4 mai 2021.

Djohar et Kamel Daoud, avec le portrait de leur fille Chahinez Daoud, chez eux, à Cenon (Gironde), le 15 juin 2023. Après la mort de leur fille, assassinée en 2021 par son mari, ils se sont installés en France pour s’occuper des trois enfants de la victime.

Pour tous ceux-là, le temps du deuil vient plus tard. Car, dès l’annonce du meurtre de leur fille, de leur sœur, il leur faut agir immédiatement malgré la sidération. D’abord, récupérer les enfants qui ont parfois assisté à la scène. Et tous ne sont pas égaux dans ces situations. En Seine-Saint-Denis et dans le Rhône, des « protocoles féminicide » ont été mis en place pour les prendre en charge dès la découverte du corps. Ils prévoient un placement provisoire en urgence, l’intervention de l’aide sociale à l’enfance pour évaluer leur état et décider à qui les confier, et une hospitalisation si besoin.

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