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En Arabie saoudite, la gentrification forcée de Djeddah : « C’est un véritable “urbanicide” »

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Vieilles maisons avec des moucharabiés en bois dans le quartier d’Al-Balad, à Djedda, Arabie saoudite, le 8 janvier 2022.

L’imposante demeure de la famille de Sami Nawar, un peu penchée, trône au cœur du quartier d’Al-Balad. La construction de trois cents ans, typique de l’architecture du vieux Djedda avec ses murs de corail de la mer Rouge et ses balcons en bois ajourés, a été entièrement restaurée. “J’y ai vécu mes treize premières années dans une communauté soudée réunissant les gens du port, les grandes familles marchandes et des pèlerins du monde entier”, raconte le sexagénaire. Nostalgique de son enfance, l’ingénieur saoudien a consacré sa vie à la préservation de la cité, autrefois accolée à l’ancien port du Hedjaz, qui fut la porte d’entrée du pèlerinage de La Mecque et une étape sur la Route de la soie.

Depuis trente-six ans, de la municipalité aux ministères du tourisme et de la culture, Sami Nawar œuvre contre la destruction des maisons d’Al-Balad, gagnées par la décrépitude après le départ de leurs propriétaires. Avec l’essor économique du royaume après la découverte du pétrole en 1938, les familles se sont installées dans les quartiers modernes construits alentour et plus au nord, où s’est étendue la métropole de 5,3 millions d’habitants. Elles ont loué, à bas prix, leurs maisons à des marchands des souks de la vieille ville et des travailleurs migrants d’Asie et d’Afrique.

Une nouvelle Dubaï

L’inscription d’Al-Balad au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2014 a sauvé la cité historique de la ruine. Un plan de “revitalisation du Vieux Djedda”, piloté par le ministère de la culture, a été lancé en 2018 par le prince héritier, Mohammed Ben Salman, surnommé “MBS”. Le dauphin de 37 ans a fait de la mise en valeur du patrimoine et du développement touristique une priorité de son plan de modernisation du royaume, Vision 2030.

Mais à Djedda comme à Al-Ula, la nécropole nabatéenne du nord-ouest du pays, les grands travaux de “MBS” suscitent une inquiétude sourde. Des habitants et des observateurs redoutent qu’Al-Balad se transforme en vitrine pour riches Saoudiens et touristes étrangers. “La vieille ville se transformera en un simple musée au milieu d’un désert urbain moderne”, prédit un chercheur, sous le couvert de l’anonymat, dans la revue académique américaine Current History.

Lire l’analyse (en 2020): Article réservé à nos abonnés En Arabie saoudite, une diversification économique en panne

La restauration du Vieux Djedda est la partie visible du plan de modernisation du centre-ville, dévoilé en décembre 2021, avec un budget de 18 milliards d’euros, qui vise à faire de la cité portuaire une nouvelle Dubaï. Sur les brochures glacées, des quartiers luxueux, un opéra et une marina ont remplacé les quartiers populaires qui entouraient Al-Balad. Acclamé par certains, ce programme de gentrification signifie, pour d’autres, la disparition de l’esprit cosmopolite et multiculturel de Djedda.

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