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Comment Londres est-elle devenue une ville bourgeoise ?

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Dans le quartier de Broadway Market, situé dans l’est de Londres, le 25 juin 2020.

A quel moment Broadway Market, dans l’est de Londres, a-t-il basculé ? Quand le stand de hot dogs Bad Boys à 10 livres (12 euros) pièce est-il arrivé ? Quand l’antique échoppe vendant de l’anguille en gelée, une vieille tradition populaire du quartier, a été transformée en magasin de lunettes de soleil hors de prix ? A moins que ce soit lors de l’arrivée de Planet Organic, une enseigne de supermarchés bio, dans ce qui fut autrefois un squat ?

Lire aussi l’enquête : Article réservé à nos abonnés Les métropoles européennes face à une gentrification galopante

Toujours est-il que Stéphane Cusset, qui tient depuis vingt ans dans cette rue L’Eau à la bouche, une épicerie française, ne cache pas un certain malaise. « Honnêtement, j’évite de venir ici le week-end maintenant. Regardez, la rue est devenue une attraction touristique », se désole-t-il en pointant du doigt une femme qui passe avec sa valise à roulettes.

Broadway Market est situé à Hackney, autrefois l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale britannique. Au début des années 1990, des artistes, attirés par les loyers peu chers et la proximité du centre de Londres, s’y sont installés. En 2004, quelques volontaires ont relancé le marché qui avait disparu. Le succès a été très rapide. Initialement, l’ouverture n’avait lieu que le samedi. Elle s’est étendue au dimanche. Les restaurants ont ouvert en nombre.

Des pubs crasseux devenus « gastro-pubs »

Les vieux pubs crasseux sont devenus des « gastro-pubs ». Le « marché » (on y vend presque exclusivement de la nourriture à consommer sur place, peu de fruits et légumes) attire tout ce que Londres compte de jeunes branchés, qui passent des heures assis dans le parc voisin à siroter des bières et du vin blanc. L’atmosphère est détendue, sympathique et n’a plus rien à voir avec le quartier prolétaire d’autrefois.

La gentrification de Broadway Market n’est que le dernier exemple d’un phénomène qui a transformé tout Londres. Dans les années 1960, King’s Road, dans l’ouest de la capitale, était le secteur à la mode ; aujourd’hui, c’est un quartier ouvertement bourgeois. Ce fut ensuite au tour de Portobello Market, où Richard Branson a lancé son label Virgin dans les années 1970, puis du marché de Camden, dans le nord, où se retrouvaient les punks. Ce dernier est possédé aujourd’hui par le milliardaire israélien Teddy Sagi, qui a tenté de le vendre l’an dernier pour 1,5 milliard de livres. « No future », disaient-ils…

Dans les années 2000, le mouvement a rattrapé l’est de Londres. Dans Brick Lane, les restaurants indiens, tenus par des Bengalais immigrés dans les années 1970, sont en train de laisser la place à des bars branchés avec « bières artisanales ». « L’est de Londres devient comme l’ouest : une attraction touristique », soupire Joël Reland, qui a grandi près de Broadway Market. Lui a 29 ans, est diplômé de l’université de Cambridge, travaille dans un think tank et vit en couple, mais il pourrait tout juste s’y payer un loyer aujourd’hui : « On y arriverait, mais on ne pourrait plus rien économiser », précise sa compagne. « Et franchement, habiter ici est devenu un peu ringard [naff] », ajoute M. Reland. Après avoir été populaire puis gentrifié, l’East End devient simplement bourgeois. En moyenne, une maison dans le quartier se vendait 80 000 livres en 1995, et… 1,1 million aujourd’hui. Soit 1 275 % de hausse en presque trois décennies.

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