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Plus que la première trahison en quatorze ans envers Mathieu, c’est l’état dans lequel elle se trouve à plus de 40 ans qui l’étonne

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Épisode précédent : la semaine dernière, Rachel, Mathieu, leur fille Alice et Mado, la mère de Rachel, sont arrivés sur l’île de Porquerolles. Malgré le bleu du ciel et de la mer, leurs vacances ont commencé dans une ambiance orageuse et un inquiétant coup de fil.

Le voile de coton de sa tunique ne suffit pas à atténuer la sensation de brûlure laissée sur ses fesses par la selle en cuir fauve. Le soleil est si assassin qu’il semble pulvériser la peau de ses bras nus. Rachel les fait pivoter sur le guidon de son vélo, le Peugeot de son adolescence, bleu, poignées blanches devenues grises à force, qui sonne à chaque fois que ses roues rencontrent un caillou ou une racine. Elle a envie de crever quand elle regarde ses coudes. Toute cette peau en trop, pour quoi faire, chaque été, le temps qui laisse un peu plus de traces de son passage, son corps qui abandonne la partie.

Sur la route du phare, elle roule le plus vite possible, mains sur les freins, vigilance maximale, slalomant entre les troupeaux de vélos loués et les marcheurs en sac à dos dont les silhouettes alourdies par les glacières et le soleil qui frappe embouteillent le chemin. A fond, pointe du pied sur la pédale, pour sentir le muscle de ses mollets se contracter et court-circuiter le tourbillon obsessionnel qui retourne son esprit depuis cinq jours, la belle tête de ce gros connard en son milieu.

Mais d’où tu ne me rappelles pas ? Comment ça, tu passes la nuit avec quelqu’un et tu ne prends jamais de ses nouvelles ? Et la politesse ? C’est toi qui as demandé mon numéro, les jambes croisées sur ta grosse table, en caleçon de ministre RPR, devant ta bibliothèque cachée par une toile planétarium dégueulasse récupérée près des poubelles et après, rien ?

Défigurée de fatigue

Plus que le fait d’avoir trompé Mathieu pour la première fois en quatorze ans, c’est l’état dans lequel elle se trouve à plus de 40 ans qui l’étonne. Elle ne pense qu’à ça, chaque minute, chaque seconde depuis cinq jours, parvient à peine à s’occuper de leur fille. Elle est en train de devenir cinglée. Tout à l’heure, sur son vélo, elle s’est même adressée à lui à voix haute, pour l’insulter, entre les pins. Elle se situe au-delà de la fatigue.

Depuis sa naissance, Alice ne dort pas. C’est elle qui fait les nuits, toutes les nuits. Son mari n’est pourtant pas mort ou handicapé. Mais c’est elle qui se lève, quatre, parfois six fois par nuit parce qu’apparemment son existence à elle est moins importante que celle de son mari. Il fabrique de l’énergie solaire. Lui œuvre à stopper la course tragique du monde. Il remplace le soleil, il a besoin de repos. Elle n’est qu’avocate, en droit de la famille. Pas important, ce sont de toutes petites histoires.

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