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Non mais ça ne va pas, la cannelle, on ne peut pas l’acheter à ce prix-là !

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Les vacances à plusieurs ont toutes leurs figures encombrantes. L’une des plus redoutées est celle du négociateur, celui dont la présence annonce d’abord des solutions (il veut faire baisser tous les prix), avant de créer des moments gênants que les autres vacanciers souhaiteront abréger. Le négociateur n’accepte pas les prix affichés et met un point d’honneur à tout marchander.

C’est qu’il connaît la vraie valeur des choses. Contrairement à ce que l’énergie qu’il y met pourrait laisser croire, le négociateur n’a pas de problème de budget : il dépense facilement dans ce qui sert à épater les riches et ne masque jamais le montant de ses participations dans les cagnottes d’anniversaire de ses amis, mais il n’hésite pas à palabrer sur les tarifs de la baby-sitter en lui expliquant que les heures où les enfants sont couchés, « ce n’est pas vraiment du travail ».

Il négocierait avec des enfants dans un vide-greniers en bas de chez lui. À l’autre bout du monde, il passe l’après-midi chez le coiffeur à gratter 1 euro sur une coupe de cheveux à 2 euros et, le soir, sur le rooftop d’un bar international, reprend un cocktail à 15 euros, cette fois sans discuter.

Son moteur, la vexation

Décorrélée de son pouvoir d’achat, son aptitude à négocier l’est surtout par rapport au coût de la vie là où il se trouve ; marchandouillant plus volontiers en Indonésie qu’à l’île de Ré : plus le pays est pauvre, plus il pense qu’il y a de la marge de négociation. Oubliant les conversions monétaires, il tente pendant vingt minutes d’arracher pour 50 centimes une babiole à 1 euro. Non, il ne se sent pas rapiat ni insultant : il est certain d’avoir mieux compris le folklore local que ses covacanciers et il ressent de la fierté à ne pas payer le prix réservé à l’étranger.

Son moteur, c’est la vexation. Convaincu qu’il va se faire rouler parce qu’il est riche et touriste, il est déterminé à ne pas passer pour un couillon, surtout à ses propres yeux. Il voit des arnaques partout, éprouve systématiquement le sentiment de se faire avoir, sait là où il faut acheter et là où il ne faut pas, quitte à passer des heures à négocier avec acharnement.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Les casse-pieds de l’été » : les superprofiteurs des vacances

Plus pénibles à vivre que le spectacle de ses marchandages : ses prétentions d’anthropologue depuis qu’il a été influencé par cet album d’Astérix dans lequel Obélix, en refusant de négocier, offense le marchand de sangliers. Si un autre vacancier semble réticent à entrer dans des tractations pour des pouièmes, le négociateur se lance alors dans une leçon sur la globalisation. Il démonte la chaîne de valeur pour prouver qu’on aurait tort de croire que l’argent dépensé enrichirait un pays ou quelqu’un qui en aurait besoin ; il explique qui, de l’artisan au revendeur, s’enrichit, car il est convaincu de marchander en connaissance de cause.

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