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Le dilemme des pays africains face à la géopolitique multipolaire et au non-alignement

Nous sommes fiers de notre partenariat avec la Russie, mais nous devons nous rappeler que notre priorité doit être le développement durable et la stabilité de notre pays.

Séga DIARRAH

Séga DIARRAH

Depuis quelque temps, notre pays a fait parler de lui en soutenant la Russie lors de votes à l’Organisation des Nations Unies (ONU).

 

Pour certains d’entre nous, ce choix est justifié, car la Russie a toujours été un allié de taille pour le Mali. Cependant, il est essentiel de comprendre les conséquences potentielles d’un suivi aveugle de la politique russe, surtout dans un monde où la mondialisation est une réalité et où l’Afrique est à la croisée des chemins.

La Russie est un acteur majeur sur la scène internationale et a souvent défendu les intérêts des pays en développement. Cependant, il est important de comprendre que la Russie a également ses propres intérêts et objectifs en matière de politique étrangère. En suivant aveuglément la Russie, le Mali risque de se retrouver dans une position où ses intérêts nationaux peuvent être mis de côté pour répondre à ceux de la Russie.

De plus, le monde d’aujourd’hui est plus connecté que jamais. Les décisions prises à l’ONU ont des répercussions sur tous les pays, même ceux qui ne sont pas directement impliqués. En soutenant systématiquement la Russie, le Mali risque de se mettre à dos d’autres pays avec lesquels nous avons des relations importantes. Il est donc essentiel de maintenir un équilibre dans nos relations avec tous les pays, y compris la Russie.

L’Afrique est à un moment charnière de son histoire. Les pays du continent sont en train de se développer et de devenir des acteurs majeurs sur la scène internationale. Il est donc essentiel de ne pas se limiter aux relations bilatérales avec la Russie, mais de se concentrer sur les partenariats qui peuvent aider le Mali à atteindre ses objectifs de développement.

 

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le Mali a manifesté son soutien inconditionnel à la Russie. Toutefois, il est important de se demander si ce soutien aveugle est réellement dans l’intérêt du Mali. En effet, cela risque d’avoir des conséquences diplomatiques et commerciales négatives pour le pays, ainsi que de compromettre ses relations avec les autres parties prenantes de ce conflit.

Tout d’abord, le soutien du Mali à la Russie  dans la guerre en Ukraine risque de s’aliéner les pays occidentaux, qui soutiennent l’Ukraine dans ce conflit. Cela pourrait avoir des conséquences négatives sur les relations diplomatiques et commerciales du Mali avec ces pays. Le Mali doit être conscient que les relations internationales sont complexes et que chaque décision prise doit être examinée attentivement pour éviter de compromettre les intérêts nationaux.

En outre, il est important de se demander si le soutien à la Russie est réellement dans l’intérêt du Mali. La Russie poursuit ses propres intérêts géopolitiques dans la région, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elle agit dans l’intérêt du Mali. Les dirigeants maliens doivent être conscients que le soutien aveugle à la Russie pourrait avoir des conséquences négatives à long terme pour le pays.

Enfin, il est important de noter que les intérêts du Mali doivent être la priorité absolue de tout gouvernement malien. Alors que la Russie peut être un allié important dans certains domaines, il est important de ne pas perdre de vue les intérêts à long terme du Mali. Les dirigeants maliens doivent être prudents dans leurs décisions en matière de politique étrangère, en veillant à ce que chaque décision prise serve réellement les intérêts de leurs citoyens.

En conclusion, le Mali doit réfléchir sérieusement aux conséquences de son soutien à la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine. Les dirigeants maliens doivent être conscients des risques diplomatiques et commerciaux associés à ce soutien, ainsi que de la nécessité de servir les intérêts à long terme du Mali.

Le Mali doit s’engager dans une politique étrangère qui sert réellement les intérêts de ses citoyens, sans compromettre ses relations avec les autres parties prenantes de ce conflit.

Nous ne devrions pas nous engager dans un soutien aveugle à la politique russe à l’ONU. Au lieu de cela, nous devons nous concentrer sur la défense de nos propres intérêts nationaux tout en travaillant avec tous les pays pour construire un monde plus juste et plus équitable.

Cela nous permettra de maximiser les avantages que nous tirons de nos relations internationales tout en minimisant les risques qui y sont associés.

Nous sommes fiers de notre partenariat avec la Russie, mais nous devons nous rappeler que notre priorité doit être le développement durable et la stabilité de notre pays.

Ensemble, nous pouvons construire un avenir meilleur pour le Mali.

Séga DIARRAH

Président BI-TON

 

 

Les enjeux complexes de la politique étrangère africaine dans un monde polarisé

 

Lors d’un récent vote de l’Assemblée générale des Nations unies sur une résolution appelant la Russie à retirer ses militaires de l’Ukraine, de nombreux pays africains se sont abstenus, tandis que le Mali a voté contre la résolution, interprétée comme un signe de l’influence croissante de la Russie sur le continent africain. Le retour du monde multipolaire et la montée de l’autoritarisme en Afrique sont également des facteurs contribuant. Les efforts diplomatiques de la Russie en Afrique, notamment les ventes d’armes et la présence “d’instructeurs Russes” au coté des armés africaines, ainsi que la nécessité pour de nombreux pays africains d’équilibrer leur dépendance économique avec les alignements politiques, sont d’autres raisons citées pour expliquer le comportement des pays africains lors du vote de l’ONU.

Le 23 février 2023, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, les pays africains ont exprimé des positions mitigées concernant la résolution appelant la Russie à retirer ses troupes de l’Ukraine. Alors que 30 pays africains ont voté en faveur de la résolution, 22 pays, dont l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, le Sénégal et le Gabon, se sont abstenus, et seul le Mali a voté contre la résolution.

Ce changement de position de certains pays africains depuis le début du conflit est dû à une série de facteurs.

L’héritage historique de l’Union soviétique et le soutien passé de la Russie aux mouvements de libération africains pendant la guerre froide ont contribué à la loyauté de certains pays envers la Russie. Plus récemment, la ré-engagement agressif de la Russie en Afrique, en particulier par la vente d’armes et le déploiement d’instructeurs dans des pays tels que le Mali et la République centrafricaine, a renforcé son influence sur le continent.

Cependant, avec le monde de plus en plus polarisé et la non-alignement réapparaissant comme une option viable, de nombreux pays africains pourraient être contraints de choisir leur camp à l’avenir.

Les abstentions des pays africains lors du vote des Nations unies sur la résolution appelant la Russie à retirer ses forces militaires de l’Ukraine signalent une réactivation croissante de l’influence de la Russie en Afrique, grâce aux ventes d’armes et à la fourniture de services de sécurité, ainsi qu’un retour à une forme de “non-alignement” au milieu d’une multiplication et d’une diversification de partenariats dans un monde de plus en plus polarisé. Les pays qui se sont abstenus reflètent les anciennes loyautés de la guerre

(c) Bi-ton.org

 

—————————–English Version —————————————————–

The complex stakes of African foreign policy in a polarized world.

 

During a recent United Nations General Assembly vote on a resolution calling on Russia to withdraw its military from Ukraine, many African countries abstained, while Mali voted against the resolution, which has been interpreted as a sign of the increasing influence Russia has in the African continent. The return of the multipolar world and the rise of authoritarianism in Africa are also contributing factors. Russia’s diplomatic efforts in Africa, including arms sales and the presence of the Wagner Group, as well as the need for many African countries to balance economic dependence with political alignments, are other reasons cited for African countries’ behaviour in the UN vote.

What is the position of African countries on the resolution calling for the withdrawal of Russian forces from Ukraine at the UN General Assembly on February 23, 2023, and what is the explanation for this position?

On February 23, 2023, at the United Nations General Assembly, African countries showed mixed positions regarding the resolution calling for Russia to withdraw its troops from Ukraine. While 30 African countries voted in favor of the resolution, 22 countries, including the South Africa, Burkina Faso, Senegal, and Gabon, abstained, and only Mali voted against the resolution. This was a change in the position of some African countries since the beginning of the conflict, with Mali publicly joining Russia and its allies by voting against the resolution.

The historical legacy of the Soviet Union and Russia’s past support for African liberation movements during the Cold War has contributed to some countries’ ongoing loyalty to Russia. More recently, Russia’s aggressive re-engagement with Africa, particularly through the sale of arms and the deployment of russian military instructor in countries such as Mali and the Central African Republic, has helped to strengthen its influence on the continent. Furthermore, the article notes that the authoritarian turn in many African countries has made some governments more inclined to support Russia and its authoritarian allies.

However, with the world becoming increasingly polarized and non-alignment re-emerging as a viable option, many African countries may be forced to choose sides in the future.

The African Union was divided in its position on a resolution calling on Russia to withdraw its forces from Ukraine. The resolution, which was proposed by European countries, was passed with 30 votes in favour, 22 abstentions, and 2 against. Some African countries, such as Mali and Gabon, took positions that differed from those they had adopted previously. Mali, which has welcomed Russian support in its fight against terrorism, joined other historical allies of Russia, including Belarus, Syria, and North Korea, in voting against the resolution. Meanwhile, other African countries, such as Angola, Ethiopia, and Algeria, abstained, a reflection of their long-standing relationship with Russia, which has been reactivated in recent years through the sale of weapons and the provision of security services, such as the presence of the Wagner Group in Mali and the Central African Republic. Furthermore, the abstention of several African countries manifests the return of a form of “non-alignment” in a context of a multiplication and diversification of partnerships.

On February 23, 2023, the countries of Africa expressed different positions on a resolution calling on Russia to “withdraw its armed forces” from Ukraine. Thirty countries voted for the resolution, while 22 abstained or were absent at the time of the vote, and two voted against it. Some African countries, such as Burkina Faso, Senegal, South Africa, and Gabon, abstained. However, the positions of some African countries have changed, with some countries opposing the resolution. For instance, Mali joined the allies of Russia and voted against the European-proposed resolution. The presence of the Wagner Russian militia in Mali has led to a rapprochement between the two countries. The abstention of many African countries reflects their multi-dependence in a new bipolar geopolitics, as well as a return of a form of non-alignment.

What is the significance of the African countries’ abstentions in the UN vote on the resolution calling on Russia to withdraw its military forces from Ukraine?

The abstentions of African countries in the UN vote on the resolution calling on Russia to withdraw its military forces from Ukraine signal a growing reactivation of Russia’s influence in Africa, through arms sales and the provision of security services, as well as a return to a form of “non-alignment” amid a multiplication and diversification of partnerships in an increasingly polarized world. The countries that abstained reflect old loyalties of the Cold War and decolonization era, but also a current political affinity, as a number of African countries have shifted to authoritarianism and are leaning towards non-Western partnerships. The countries that abstained or voted against the resolution, including Mali, reflect a growing rift between Russia and the West, as well as the growing geopolitical polarization of the world.

 

BI-TON.org

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