L’allaitement maternel, ou le mythe de la mère parfaite.
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C’est l’une de ces innombrables “méthodes” qui surgissent soudain dans le quotidien des jeunes mères, entre un forum “Magicmaman”, un conseil de sage-femme et des discussions d’aire de jeux : la DME. La “diversification menée par l’enfant” est une technique consistant à proposer à son bébé, à partir de 6 mois, non pas des purées maison, encore moins des petits pots industriels (horreur !), mais des morceaux entiers de fruits et de légumes variés, que l’on aura découpés préalablement selon des instructions précises afin d’éviter les risques d’étouffement. On dispose les morceaux devant l’enfant, qui fait son choix seul, et, ensuite, eh bien, on passe le balai.
La gratification n’est donc pas immédiate, mais ces efforts ne seront pas vains, garantissent ses promoteurs. La DME “encourage la motricité fine, l’éveil et le développement, accompagne l’autonomie, invite au partage”, à en croire le site Maman-naturelle. En France, c’est Christine Zalejski, une docteure en biologie cellulaire devenue mère au foyer, qui a popularisé le concept, à travers trois livres, des conférences et des formations.
Tous les éléments du conseil en parentalité moderne sont en place : une caution scientifique délivrant ses recommandations, un enjeu présenté comme important, des méthodes qui demandent d’être parent à plein temps, un accompagnement qui sera facturé. Et puis, il y a la part de risque : “Le lien avec la nourriture que vous allez transmettre à votre bébé de façon consciente ou non est essentiel car votre bébé enregistrera positivement ou négativement ses actions ou les aliments en fonction de l’environnement du moment”, écrit Christine Zalejski.
Sur le site Maman-naturelle, on lit que pour réussir sa DME, il faut “apprendre à lâcher prise. En d’autres termes, ne soyez pas pressé. De son côté, votre bébé (qui lui n’a aucune notion du temps) va flâner. Profitez-en pour l’observer. Vivez dans l’instant présent et contemplez ses petits exploits”.
A la mère de s’adapter
Sur le papier, ce moment de partage semble idyllique. Mais qu’en est-il lorsqu’on est coincée entre les devoirs de l’aîné, le dossier qu’on n’a pas eu le temps de boucler au bureau, l’Ehpad de ses parents et les tracas du quotidien ? L’emploi du féminin n’est pas ici une erreur mais un choix, car les destinataires de ces conseils sont bien les mères. Plus encore que d’autres domaines de la vie de parents, l’alimentation du jeune enfant est “leur affaire”.
La DME, apparue dans les années 2000 dans les pays anglo-saxons et qui s’installe doucement en France, repose sur un présupposé : c’est à la mère de s’adapter aux besoins de l’enfant, et non l’inverse. Evidemment, cela ne convainc pas tout le monde. “Est-ce qu’on ne pourrait pas lui donner aussi le choix de son école ?”, nous écrit, accompagné d’un émoji se roulant par terre de rire, une chercheuse à laquelle nous avons détaillé le concept de la DME.
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