Connect with us

Francais

La mort de la photojournaliste Marie-Laure de Decker

[ad_1]

Marie-Laure de Decker, à Paris, en 1965.

Avec sa longue silhouette, ses cheveux courts, sa voix de fumeuse et son caractère bien trempé, Marie-Laure de Decker ne passait pas inaperçue dans le monde des photoreporters. Mais elle s’est surtout distinguée par sa façon de tracer son chemin à l’instinct, sans dépendre d’une rédaction ou d’une mode : partie seule à la guerre du Vietnam en 1970, celle qui fut une des figures de l’agence Gamma a photographié l’otage Françoise Claustre au Tchad, a vécu au Chili et en Afrique du Sud pendant l’apartheid, avant de se passionner pour les Wodaabe, une tribu nomade peule. Elle est morte le 15 juillet à 75 ans, dans un hôpital de Toulouse.

Née en Algérie en 1947, Marie-Laure de Decker se souvenait surtout de ses très jeunes années passées dans un village de Côte d’Ivoire où son père travaillait dans une mine d’or. Elle y découvre, en même temps que « l’Afrique enchantée » qui la charme à jamais, « la bêtise inouïe de la colonisation, le vol que les Blancs imposaient à l’Afrique » comme elle le confie au Monde en 2021.

Rentrée en France, envoyée en pensionnat, la jeune fille longiligne commence par devenir mannequin – métier qu’elle déteste – avant d’opter pour la photographie. Avec son premier appareil, offert par le dessinateur Roland Topor, son compagnon de l’époque, elle commence par photographier les vieux artistes qu’elle admire : Marcel Duchamp, Man Ray, Hans Bellmer… sans que ses photos suscitent alors beaucoup d’intérêt.

Lire aussi l’entretien : Article réservé à nos abonnés Marie-Laure de Decker : « Le courage, c’est ce qui fait la différence entre les gens »

Comme elle rêve de travailler à l’agence Gamma, créée par Gilles Caron, elle décide de partir au Vietnam, à 23 ans, avec son Leica. Son anglais plus que rudimentaire ne l’empêche pas de signer rapidement des photos pour le magazine Newsweek. « You lose the war » (« vous perdez la guerre ») répète la jeune photographe aux généraux qu’elle rencontre, après avoir vu les GI morts de trouille et ravagés par l’héroïne. Très vite, plus que les combats et les bombardements dans la jungle, ce sont les Vietnamiens qu’elle aime photographier : la vie dans les villages, les bars, les enfants…

Le calvaire de l’otage Françoise Claustre

Rentrée à Paris après deux ans au Vietnam, elle finit par intégrer l’agence Gamma, non sans mal. Elle est alors la seule femme dans ce milieu masculin et machiste – « un photographe, Henri Bureau, m’a demandé si je venais pour faire le ménage », racontera-t-elle. D’abord cantonnée aux sujets mineurs, elle réussit à percer quand Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre des finances, la choisit pour ses portraits. Malgré leurs opinions politiques divergentes, s’ensuit entre eux une relation privilégiée, qu’elle n’hésitera pas à mettre à profit pour obtenir un titre de séjour pour son ami Eldridge Cleaver, sulfureux leader des Black Panthers.

Il vous reste 52.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

[ad_2]

Continue Reading
Advertisement
Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Copyright © 2019 - Le Collectif BI-TON