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Francais

« J’essaye de traverser au feu rouge, le conducteur klaxonne et c’est lui qui est au volant »

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Première rencontre

J’ai 15 ans, je suis en 1re S, et mon monde, c’est le handball. Je m’entraîne énormément ; mon rêve, c’est d’être en équipe de France et de faire les JO. Cette année-là, je suis un peu la leadeuse de l’équipe, et je sors avec notre jeune coach, qui a cinq ans de plus que moi. Pour moi, c’est valorisant : je me sens spéciale. Je fais des stages nationaux, des sélections pour l’équipe de France junior. Notre relation privilégiée tourne autour de la pratique du handball et de l’excellence. Nous sommes discrets. Pour moi, ce n’est pas vraiment sérieux, comme les amourettes de collège, intenses mais brèves, que j’ai eues jusque-là.

A la fin de l’année, un déplacement de trois semaines en Scandinavie est programmé pour les équipes de handball, filles et garçons, afin de disputer des tournois amicaux. Au handball, l’ambiance est assez débridée, et on sait que ce sont des moments favorables aux rapprochements… Le coach n’est pas du voyage et, avec ma meilleure copine de l’équipe, on prévoit de profiter de ce périple prometteur en rencontres avec des garçons venus de nombreux pays différents. Notre mot d’ordre est : surtout, on ne sort pas avec des Français.

Nous voyageons dans un car plein à craquer, c’est un peu l’euphorie. Nous nous asseyons dans le fond du bus, avec les garçons les plus audacieux et les moins sages, qui aiment faire de l’animation. Parmi eux, il y a Marc. C’est un beau brun, qui a un an de moins que moi. Il annonce d’emblée qu’il veut sortir avec moi. Les autres l’en dissuadent : aucune chance, elle sort avec le coach. Cela ne le décourage pas, et cela me plaît, en plus de ses fantastiques yeux verts mouchetés de marron.

Il me parle, on discute, et je ne me souviens pas exactement, mais en moins de deux heures on s’embrasse sans vergogne. On reste collés l’un à l’autre plusieurs jours, il vient me rendre visite pour m’embrasser la nuit après le couvre-feu, me donne sa gourmette gravée de son prénom. Je suis touchée quand il me raconte son histoire familiale. Il est peu choyé par des parents qui ne veulent pas trop de lui, et élevé en grande partie par sa grand-mère maternelle.

Et puis, au bout de quelques jours, au milieu du tournoi, l’exotisme me rattrape. Je le quitte pour un beau Tchèque. Symboliquement, je lui rends sa gourmette. Il est triste mais il n’y a pas de drame, l’ambiance est festive et légère, et il se console bien vite avec une coéquipière. Après cet épisode, nous repartons chacun de notre côté. On se croise deux ou trois ans plus tard au détour d’une rue, par hasard, et on se dit juste bonjour, mais je revois ses yeux, et quand même… ils sont beaux.

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