En difficulté financière, « XXI » et « 6Mois » placées en redressement judiciaire
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L’impulsion pour relancer XXI et 6Mois aura finalement tourné court. La société Quatre, qui chapeaute la revue de reportages longs formats et son pendant photojournalistique, est au plus mal financièrement. Dans un jugement prononcé mardi 8 août, le tribunal de commerce de Paris a choisi de placer la société Quatre en redressement judiciaire. Le directeur des rédactions, David Servenay, avait déposé une déclaration de cessation de paiements mardi 25 juillet.
Face à l’explosion du prix du papier en 2022, XXI et 6Mois avaient lancé en avril une campagne d’appel aux dons, notamment soutenue par l’économiste Julia Cagé – par ailleurs présidente de la Société des lecteurs du Monde – et le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi. Mais dès le mois de mars 2023, les revues XXI et 6Mois ne payaient plus (ou avec retard) les journalistes pigistes et leurs autres créanciers, comme l’a révélé Libération le 16 juillet.
Exaspérés par la situation et le manque d’informations qu’ils reprochent à la direction, une dizaine d’entre eux ont constitué un collectif début juin. M. Servenay leur a alors fait savoir qu’il était dans l’impossibilité de les rémunérer après une saisie conservatoire des comptes bancaires de l’entreprise sur demande de l’imprimeur des revues.
Si elle était précurseure en 2008, XXI est désormais concurrencée par des dizaines d’autres Mooks (format hybride entre le livre et le magazine) comme Zadig, America, ou We Demain. Revendiquant 8 500 abonnés pour XXI et les 3 500 de 6Mois ainsi que les exemplaires vendus en librairies, les revues restent aujourd’hui déficitaires pour la cinquième année de suite. La société éditrice Quatre totaliserait également plus de 700 000 euros de dettes.
« Fuite en avant »
Sur la centaine de collaborateurs concernés, certains d’entre eux disent se sentir « floués » et « en colère d’avoir été baladés » pendant plusieurs mois. Contactées par Le Monde, plusieurs personnes accusent la direction des revues d’une « fuite en avant » pointant la myriade de projets récents alors que les finances étaient déjà fragiles. « Ils ont validé des commandes alors qu’ils savaient pertinemment qu’ils n’avaient pas l’argent pour les honorer », dénoncent plusieurs collaborateurs s’exprimant de manière anonyme. Ces derniers mois, la nouvelle équipe dirigeante des revues a lancé des podcasts, une collection de petits livres, ou encore doublé la périodicité de 6Mois.
« Ils n’ont pas la bonne chronologie des faits, tous les nouveaux projets ont été lancés début 2022 », assure M. Servenay, qui se remémore le début des ennuis financiers « à partir de janvier, février 2023 ». « Reste qu’ils ont continué à concevoir les prochains numéros jusqu’au 30 juin », tance un collaborateur en réponse.
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