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Comment l’État s’est pris lui-même au piège dans le supermarché des consultants

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“Dépendance”, “faiblesse”, “précipitation”, “solution de facilité”. Le recours systématique de l’Etat aux cabinets de conseil externes relève bien davantage de l’addiction subie que du choix conscient. L’administration ne s’est pas contentée de solliciter chez les consultants une expertise ponctuelle qui lui faisait défaut : elle s’est piégée en créant un cadre favorisant un recours massif, et parfois irréfléchi, à cette main-d’œuvre externe.

Ce constat, dressé par la Cour des comptes dans un rapport sévère publié le 10 juillet, est corroboré par des centaines de documents obtenus par Le Monde au titre du droit d’accès aux documents administratifs au cours des derniers mois. Ces contrats, devis et bons de commande montrent que l’Etat se comporte souvent en acheteur compulsif, loin de l’ambition initiale de rationaliser la dépense publique.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La Cour des comptes confirme les dérives du recours aux cabinets de conseil sous la présidence Macron

Des “supercontrats” insuffisamment encadrés

Un choix, d’apparence purement technique, explique en grande partie l’industrialisation du recours aux consultants au fil des dernières années : la multiplication des accords-cadres. Ces “supercontrats” regroupent de nombreuses commandes dans un seul marché signé pour plusieurs années par l’Etat avec un groupe de cabinets de conseil, dans lequel les ministères peuvent piocher en fonction de leurs besoins. Ils représentaient environ 85 % des dépenses de conseil stratégique de l’Etat en 2020, selon un rapport récent du Sénat.

Sur le papier, cette solution présente de nombreux avantages : en achetant en gros, les administrations peuvent faire baisser le prix des prestations, sécuriser le cadre juridique et économiser le temps passé à rédiger un appel d’offres pour chaque nouvelle mission. Mais cela les a aussi encouragées à multiplier les commandes de missions de conseil, dont elles n’avaient à pas assumer directement le coût. “Trop souvent, les accords-cadres constituent une solution de facilité au détriment de la rigueur”, a critiqué le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, estimant que “le souci d’aller vite a conduit régulièrement à passer commande de manière précipitée”. Y compris quand la mission ne correspondait pas aux objectifs initiaux de l’accord-cadre.

En témoigne l’analyse des scénarios de reprise des transports collectifs confiée par le ministère des transports au cabinet McKinsey après le premier confinement du printemps 2020. Cette prestation à 234 360 euros a certes débouché sur des analyses concrètes. Mais la Cour des comptes peine à comprendre pourquoi elle a été financée par l’accord-cadre de la direction interministérielle de la transformation publique (DITP), censé appuyer les projets de transformation et de modernisation de l’Etat. Tout comme la création d’un “observatoire de la performance portuaire”, attribuée par le ministère de l’écologie au Boston Consulting Group fin 2020, pour 343 800 euros.

Il vous reste 70.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

“Dépendance”, “faiblesse”, “précipitation”, “solution de facilité”. Le recours systématique de l’Etat aux cabinets de conseil externes relève bien davantage de l’addiction subie que du choix conscient. L’administration ne s’est pas contentée de solliciter chez les consultants une expertise ponctuelle qui lui faisait défaut : elle s’est piégée en créant un cadre favorisant un recours massif, et parfois irréfléchi, à cette main-d’œuvre externe.

Ce constat, dressé par la Cour des comptes dans un rapport sévère publié le 10 juillet, est corroboré par des centaines de documents obtenus par Le Monde au titre du droit d’accès aux documents administratifs au cours des derniers mois. Ces contrats, devis et bons de commande montrent que l’Etat se comporte souvent en acheteur compulsif, loin de l’ambition initiale de rationaliser la dépense publique.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La Cour des comptes confirme les dérives du recours aux cabinets de conseil sous la présidence Macron

Des “supercontrats” insuffisamment encadrés

Un choix, d’apparence purement technique, explique en grande partie l’industrialisation du recours aux consultants au fil des dernières années : la multiplication des accords-cadres. Ces “supercontrats” regroupent de nombreuses commandes dans un seul marché signé pour plusieurs années par l’Etat avec un groupe de cabinets de conseil, dans lequel les ministères peuvent piocher en fonction de leurs besoins. Ils représentaient environ 85 % des dépenses de conseil stratégique de l’Etat en 2020, selon un rapport récent du Sénat.

Sur le papier, cette solution présente de nombreux avantages : en achetant en gros, les administrations peuvent faire baisser le prix des prestations, sécuriser le cadre juridique et économiser le temps passé à rédiger un appel d’offres pour chaque nouvelle mission. Mais cela les a aussi encouragées à multiplier les commandes de missions de conseil, dont elles n’avaient à pas assumer directement le coût. “Trop souvent, les accords-cadres constituent une solution de facilité au détriment de la rigueur”, a critiqué le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, estimant que “le souci d’aller vite a conduit régulièrement à passer commande de manière précipitée”. Y compris quand la mission ne correspondait pas aux objectifs initiaux de l’accord-cadre.

En témoigne l’analyse des scénarios de reprise des transports collectifs confiée par le ministère des transports au cabinet McKinsey après le premier confinement du printemps 2020. Cette prestation à 234 360 euros a certes débouché sur des analyses concrètes. Mais la Cour des comptes peine à comprendre pourquoi elle a été financée par l’accord-cadre de la direction interministérielle de la transformation publique (DITP), censé appuyer les projets de transformation et de modernisation de l’Etat. Tout comme la création d’un “observatoire de la performance portuaire”, attribuée par le ministère de l’écologie au Boston Consulting Group fin 2020, pour 343 800 euros.

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