Conformément aux réquisitions du parquet de Nanterre, jeudi matin, le brigadier de police auteur du coup de feu qui a coûté la vie à Nahel, 17 ans, à l’occasion d’un contrôle routier après un refus d’obtempérer, dans la matinée de mardi, a été placé en détention à l’issue de sa présentation à deux magistrats instructeurs. La décision, rare sinon inédite dans ce type de dossier, suscite colère et indignation de la part des syndicats de policiers, alors que de violents incidents se multiplient en région parisienne et à travers la France depuis mardi soir.
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« Notre collègue a été cloué au pilori pour calmer des émeutiers qui s’en prennent à la République et acheter la paix sociale, estime Davido Reverdy, secrétaire national délégué du syndicat Alliance pour la province. La nouvelle flambée de violences à laquelle nous assistons montre que l’on n’a rien acheté du tout. »
Pour Thierry Clair, secrétaire général adjoint de l’UNSA-Police, « il s’agit de respecter le temps judiciaire mais, aussi, de rappeler que la présomption d’innocence doit s’appliquer aux policiers comme aux simples citoyens ». « Au vu de la pression politique, médiatique, et de l’ampleur des violences urbaines auxquelles nous assistons, avance pour sa part Grégory Joron, le secrétaire général d’Unité-SGP-Police-FO, nous redoutions une incarcération de notre collègue. Comment imaginer qu’un policier, avec toutes les garanties de représentation, puisse se retrouver emprisonné ? »
Les organisations syndicales de policiers accusent le gouvernement d’ingérence dans une procédure judiciaire en cours et dénoncent la « pression » mise sur les magistrats après les déclarations faites par plusieurs de ses membres et le chef de l’Etat au cours de la journée de mercredi, alors qu’une séquence vidéo filmée au moment des faits devenait virale sur les réseaux sociaux.
« Faites attention à vous et gardez votre sang-froid »
Interrogée mercredi lors d’une séance de questions au gouvernement devant le Sénat, et alors que le policier était toujours entendu sous le régime de la garde à vue, la première ministre Elisabeth Borne avait estimé que « les images choquantes diffusées hier montrent une intervention qui ne semble manifestement pas conforme aux règles d’engagement de nos forces de l’ordre », en référence à la séquence vidéo tournée sur les lieux mêmes du contrôle mené par le policier et l’un de ses collègues. Quelques heures auparavant, le président de la République avait qualifié le tir du policier « d’inexcusable et d’injustifiable ».
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