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Adam et Ève, ou comment la nudité est devenue une source de honte

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Expulsion d’Adam et Eve du jardin d’Eden, en 1550 par Jacopo Tintoretto.

Selon la Bible, au commencement, Adam et Eve étaient « nus » (aroummim) et n’en avaient pas honte (Genèse 2, 25). Un serpent, « la plus astucieuse (aroum) de toutes les bêtes des champs » (Gen. 3, 1), les invite à manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; et ce qu’ils connaissent aussitôt, c’est précisément cette « nudité ». Ils se confectionnent alors des pagnes de feuilles de figuier, avant que Dieu ne les revête de « tuniques de peau [de bêtes] » (Gen. 3, 20).

Or Dieu avait établi l’homme dans le jardin d’Eden en le prévenant en ces termes : « Tu pourras manger de tout arbre du jardin, mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir » (Gen. 2, 16-17). Il ne formule pas une interdiction, mais pose, au beau milieu de l’Eden, une limite autour de laquelle s’organise la vie humaine. Au centre de celle-ci : la relation avec le Créateur, origine et limite même de l’homme qui, justement, n’est pas Dieu…

Franchir cette limite, n’est-ce pas exactement ce que propose le serpent : être semblable à Dieu et, finalement, décider lui-même ce qui est bien et ce qui est mal ? En suscitant la curiosité d’Adam et Eve, l’animal les détourne de la foi, c’est-à-dire de la confiance en Dieu : de la foi évidente et naturelle (comme la nudité sans honte), ils passent au raisonnement, cherchent à savoir et écoutent une autre voix, contradictoire : « Non, vous ne mourrez pas… » (Gen. 3, 5), explique le serpent.

Et la sexualité devint une question morale

Est-ce la honte qui les presse ensuite de cacher les parties sexuelles de leur corps et donne un sens à cette nudité jusque-là innocente ? La honte naît de la rencontre de l’autre, dont la nudité révèle toute l’altérité – et dont le regard renvoie à sa propre vérité. Face à face et non plus côte à côte, Adam et Eve se voient nus parce qu’ils sont désormais séparés. La honte s’installe dans cet intervalle. Une fois vêtus, dissimulés, ils doivent de nouveau se rencontrer, alors qu’au commencement ils étaient fusionnels, offerts l’un à l’autre.

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Il s’agit à présent de dérober aux regards les parties « honteuses » du corps : ce sont plutôt les yeux qu’il s’agit de protéger, qui déjà avaient été séduits : « La femme vit que l’arbre était bon à manger, séduisant à regarder, précieux pour agir avec clairvoyance » (Gen. 3, 6). Ce qui est vu désormais, c’est que quelque chose est à cacher concernant la sexualité. Motif de honte, celle-ci devient une question de morale, au cœur de celle du « bien » et du « mal ». Est-ce parce qu’ils ont voulu être « comme des dieux » (Gen. 3, 5-22) et engendrer eux-mêmes la vie que la procréation est frappée de punition ?

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