À Palerme, les incendies destructeurs suscitent colère et interrogations sur les responsabilités
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Les flammes ont levé le siège sur Palerme, abandonnant la capitale de la Sicile à son écrin de collines brûlées. Après des journées d’apocalypse et d’enfer selon les mots qui reviennent dans la bouche de ceux qui les ont vécues, la ville respire au bord de sa baie.
Les incendies qui l’enserraient sont maîtrisés et les températures, qui ont atteint les 47 °C lundi 24 juillet, sont retombées, mais sur les hauteurs du Bellolampo pourtant, la catastrophe s’attarde encore.
Au-dessus des quartiers périphériques léchés par les flammes au début d’une semaine qui a vu cinq personnes mourir à cause des incendies, une fumée épaisse continue de s’élever de l’immense décharge publique qui domine la ville. Le village qui la jouxte est enveloppé dans une puanteur puissante, toxique, de plastique flambé et d’immondices recuites. La veille au soir, l’odeur du désastre était encore perceptible jusque dans le centre historique, faisant revenir aux narines des habitants et des touristes, toujours présents en nombre, les effluves invisibles de leurs déchets après un désastre d’une ampleur jamais vue.
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Depuis la décharge, les flammes semblent avoir dévalé la route en lacets qui se dévide vers la banlieue pauvre de Borgo Nuovo. On peut lire leur parcours dans un paysage de végétation brûlée, par endroits encore fumante. Poussées par le vent elles ont glissé mardi jusqu’au bord même de la ville et jusqu’à la Via Erice où se tient maintenant un petit groupe d’une dizaine de Palermitains encore secoués. Les locataires du numéro 31 ne veulent pas rentrer chez eux. Ils craignent que les structures de cet immeuble de logements sociaux touché par les flammes ne soient trop endommagées. Relogés dans des chambres d’hôtel dispersées à travers la ville, certains sont venus récupérer quelques affaires.
De la « belle saison » à « la terreur »
« Le feu est descendu de la montagne vers nous… Il y avait ce vent chaud et sec qui portait les flammes, tout nous frappait en même temps… », raconte, la voix encore tremblante, Aldo Boffo, 63 ans. Aide-soignant, M. Boffo est l’une des 2 000 personnes déplacées par les incendies en Sicile et fait partie de ces innombrables habitants du pourtour méditerranéen qui, de la Grèce à l’Espagne en passant par l’Algérie, ont déjà été victimes de la récente vague d’incendies qui s’est abattue sur la région.
Un jeune garçon vient de sortir de l’immeuble avec à la main la charogne brûlée d’un pigeon qui dégage d’un coup une effroyable odeur de mort. Aux côtés de M. Boffo, des voisins ont renoué avec un accessoire de la dernière catastrophe, le masque chirurgical qui ne les protège plus du Covid-19 mais des émanations amères laissées par l’incendie. Devant sa voiture carbonisée et son appartement à l’abandon, le soignant se remémore des jours désormais lointains où l’été évoquait la détente et les joies familiales. Désormais, quand il lui demande ce que lui inspire la « belle saison », M. Boffo répond simplement : « La terreur. »
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