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Mali – 5 juin : 3 conditions pour s’en sortir 

A la suite de la manifestation du 5 juin 2020 organisée par des organisations socio politiques, le Mali s’installe inexorablement dans une crise politique et institutionnelle.

La revendication principale des manifestants tourne autour de la démission du Président en exercice avec en toile de fond une volonté de réfondation et un renouveau du contrat social.

Un consensus se dégage entre les acteurs autour des problèmes de gouvernance comme la cause principale de la crise de confiance entre les politiques et les citoyens.

Cette crise de confiance se manifeste dans la vie de tous les jours des citoyens (crise scolaire, crise sanitaire, baisse du pouvoir d’achat, corruption, scandales financiers dans les acquisitions d’équipements militaires etc.) et trouve son paroxysme sur le plan politique dans les récentes élections législatives.

Les limites des solutions politiques actuelles appellent à réfléchir sur de nouvelles solutions politiques fortes et courageuses pour éviter de faire sombrer le pays.

Le partage de pouvoir

Sous nos cieux, la première réponse à une crise postélectorale est le partage du pouvoir politique pour calmer les ardeurs politiques des partis.

Le partage du pouvoir au Mali a toujours été un échec car il ne s’adosse pas à un programme politique touchant les problèmes réels des populations.

Il se fait très souvent sur des enjeux politiques éloignés des préoccupations quotidiennes de la population.

L’Accord Politique de Gouvernance signé entre une partie de l’opposition et le Président Keita en 2019 en est un exemple.

En réalité, il s’agit plutôt d’arrangements entres politiciens qu’une réelle volonté politique pouvant mettre le pays sur les rails.

Six mois après le dialogue national (DNI), le comité de suivi des recommandations n’est toujours pas opérationnel.

Les dernières élections législatives ont donné  le coup de massue.

Nous avons assisté, d’une part, à des manœuvres politiciennes dont le seul but était d’élire des membres du parti au pouvoir en violation de toute règle minimale de transparence et de légitimité, et au détriment même de la logique de partage du pouvoir politique affiché dans le cadre de l’Accord Politique de Gouvernance.

D’autre part,  au regard des annulations massives de voix de nature à modifier la volonté populaire, la Cour Constitutionnelle aurait dû suivre le bon sens en annulant partiellement le vote dans les circonscriptions concernées . En modifiant le sens du vote des citoyens, elle a pris une part active dans l’exaspération de la population devenant ainsi un facteur important de la crise actuelle.

Des solutions politiques fortes et courageuses

La crise politique actuelle, de par sa profondeur et son ampleur, appelle à des solutions politiques fortes, innovantes et courageuses.

Pour restaurer la confiance entre les élites et le peuple, il faut un nouveau contrat social bâti en toute transparence au risque de déplacer de nouveau nos problèmes jusqu’à un prochain « 05 juin ».

Notre approche en la matière est d’aller à une transition politique conduisant à une refondation des institutions renouvelant ainsi le contrat social.

Elle appelle à plus de courage pour tous les acteurs de la scène politique et plus spécifiquement du Président en exercice.

Pour répondre efficacement à la demande de démission des manifestants, le président Keita doit :

  1. Faire démettre les membres de la Cour constitutionnelle conformément aux textes régissant l’institution.
  2. Dissoudre l’Assemblée nationale nouvellement élue dont la légitimité est décriée. Il appelle ensuite à une conférence nationale ou procède à la mise en place d’une constituante permettant de doter le pays d’une nouvelle constitution (pas de révision constitutionnelle). Les modalités de mise en place de cette structure sont arrêtées de manière consensuelle avec l’ensemble des forces vives de la nation.
  3. Mettre en place un gouvernement de mission avec un nombre limité de ministres, une feuille de route claire avec des objectifs définis. Cette feuille de route doit faire l’objet d’une évaluation périodique par un comité consultatif mis en place avec l’ensemble des forces vives de la nation.

Les membres de l’assemblée constituante et du gouvernement de mission ne seront pas éligibles aux prochaines élections présidentielles et législatives.

Ces solutions politiques, fortes et courageuses, sont nécessaires pour arriver à une vraie refondation.

En suivant nos recommandations, le Mali se dotera de son propre agenda et aura des institutions dignes de ce nom  à même de  répondre aux aspirations légitimes de nos concitoyens.

Moussa Sidibé

Fiscaliste

ThinkTank

La RADE (Renaissance Avenir Développement Emergence)

*La Rade est est un cercle de reflexion basé en France et affilié au Mouvement BI-TON au Mali

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