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Il y a 90 ans, la “transfert” négocié de Juifs allemands vers la Palestine

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En cette année de soixante-quinzième anniversaire de l’Etat d’Israël, il est une commémoration qui n’aura certainement pas lieu. Cela fait pourtant quatre-vingt-dix ans que, le 7 août 1933, le mouvement sioniste a conclu avec l’Allemagne hitlérienne un accord de « transfert », désigné sous son terme hébreu de « haavara ».

Lire l’archive de 1988 :


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Le régime nazi y gagnait un précieux moyen de contourner la campagne de boycott international que sa politique antisémite avait suscitée. L’Agence juive supervisait un « transfert », à la fois de personnes et de capitaux, vers la Palestine sous mandat britannique, où les immigrants juifs récupéraient la valeur de leurs biens placés en Allemagne sur un compte séquestre et réalisés en contrepartie de produits allemands d’exportation.

Le mouvement sioniste, devenu la seule organisation juive autorisée en Allemagne nazie, put ainsi « transférer » environ 53 000 juifs vers la Palestine, les soustrayant de ce fait aux persécutions.

Un accord très contesté

Le mouvement sioniste avait enregistré sa première victoire historique, en 1917, lorsque la Grande-Bretagne avait apporté son soutien à « l’établissement d’un foyer national juif en Palestine ». Cet engagement, connu sous le nom de « déclaration Balfour », avait été, cinq ans plus tard, intégré à la charte du mandat confié par la Société des nations au Royaume-Uni sur la Palestine anciennement ottomane.

Alors que les Juifs ne représentaient alors qu’un habitant sur dix de la Palestine, cette proportion avait, du fait du volontarisme sioniste encouragé par les autorités britanniques, plus que doublé en 1933. La Palestine comptait désormais environ 235 000 Juifs pour 900 000 Arabes. L’immigration juive était supervisée, au nom de l’Organisation sioniste mondiale, par l’Agence juive, installée en Palestine et mandatée pour délivrer les visas de résidence.

L’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir à Berlin, le 30 janvier 1933, est bientôt suivie par une vague de mesures antisémites, qui suscitent, entre autres de la part d’organisations juives, une campagne de boycott international. Mais Haïm Arlosoroff, le « directeur politique » de l’Agence juive, chargé donc des relations internationales, prône au contraire des négociations avec les nazis, en vue du « transfert » du plus grand nombre possible de juifs allemands vers la Palestine.

Haïm Arlosoroff, chef du département politique de l’Agence juive.

Après une mission secrète à Berlin, ce dirigeant travailliste élabore, le 19 mai, un plan tout aussi secret en ce sens. Alors que la gauche travailliste, menée par David Ben Gourion, est majoritaire dans le mouvement sioniste, ses rivaux de la droite révisionniste condamnent le principe même de pourparlers avec Berlin. Arlosoroff est assassiné le 16 juin, à Tel-Aviv, un meurtre à ce jour non élucidé, qui suscite une profonde émotion (avec des dizaines de milliers de personnes à ses funérailles), mais aussi de nombreux incidents entre militants travaillistes et révisionnistes.

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