Gérald Darmanin a annoncé, lundi 7 août, vouloir dissoudre l’organisation catholique intégriste Civitas. « J’ai demandé à mes services d’instruire la dissolution de Civitas », a écrit le ministre de l’intérieur sur X (Twitter), relayant avec son message des propos tenus par Pierre Hillard, essayiste adepte des théories complotistes, lors de l’université d’été de l’association, organisée en juillet en Haute-Loire.
« L’antisémitisme n’a pas sa place dans notre pays. Je condamne fermement ces propos ignominieux et saisis le procureur de la République », ajoute le ministre sur le réseau social. Dans les propos en cause, Pierre Hillard déclare que « la naturalisation des Juifs en 1791 ouvre la voie à l’immigration », ajoutant, comme un souhait : « Evidemment, si on veut rétablir les lois de catholicité, et qu’on fait du catholicisme traditionnel la religion d’Etat, peut-être faudrait-il retrouver la situation d’avant 1789. »
Sollicité par Le Monde, le ministère de l’intérieur confirme que « l’instruction est toujours en cours », confiée à la direction des libertés publiques et des affaires juridiques, avant qu’un courrier soit transmis à Civitas « dans les prochaines semaines », listant les « griefs justifiant une dissolution ». « Nous disposons contre cette organisation de tout un tas d’éléments, d’actions ou de propos, contraires aux valeurs de la République, justifie l’entourage du ministre. Et pas seulement ces derniers propos. »
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« Gérald Darmanin donne une réponse claire à l’interpellation des “insoumis” et de la Licra [Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme]. L’antisémitisme va être puni », a salué, sur X (Twitter), Jean-Luc Mélenchon.
Plusieurs actions controversées
Plus tôt dans la journée, la cheffe de file des députés de son parti, Mathilde Panot, avait diffusé une lettre adressée à la procureur de la République de Paris, au nom de son groupe politique, pour informer la magistrate de « propos diffamatoires publics [qui] mobilisent des informations fausses dans le but de stigmatiser et porter atteinte à des Français au motif de leur religion ».
L’institut Civitas, proche de l’extrême droite catholique, avait été reconnu en 2016 comme éligible au financement des partis politiques. Le mouvement, qui a soutenu la candidature d’Eric Zemmour à l’élection présidentielle de 2022, a organisé plusieurs actions controversées récemment.
Plusieurs dizaines de manifestants proches de l’organisation catholique intégriste avaient empêché la tenue d’un concert le 13 mai à l’église Saint-Cornély de Carnac. Le parquet de Lorient avait ouvert une enquête pour violence volontaire et entrave à la liberté d’expression.
En avril, les associations Stop homophobie et Mousse avaient aussi déposé une plainte contre Civitas pour discrimination en raison de l’identité de genre, après l’annulation d’un concert du chanteur Bilal Hassani dans une église de l’est de la France. En février, Alain Escada, président de Civitas, avait également appelé les sympathisants du mouvement à se réunir à Saint-Brévin (Loire-Atlantique) pour manifester contre le projet de centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada).
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