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Ce qui pousse à oser penser différemment du groupe

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Imaginons, camarades, que vous vous portiez volontaire pour une expérience de psychologie sur la perception visuelle. Visualisez-vous donc, parmi sept autres participants déjà assis en rang. L’expérimentateur vous montre deux grandes cartes blanches. Sur l’une d’entre elles, il y a une barre noire verticale. Sur l’autre, se trouvent trois barres de différentes longueurs, marquées A, B et C. Votre devoir, camarades, est de juger laquelle de ces trois barres est identique à celle de la première carte, et de l’annoncer à haute voix. Vous vous dites : c’est un jeu d’enfant. Au premier exercice, tout le monde s’accorde sur la réponse. Pareil au deuxième, c’est presque ennuyeux. Mais au troisième, camarades, le premier à se prononcer choisit une barre clairement plus courte, ou plus longue, que l’étalon. Les uns après les autres, ceux qui suivent commettent la même erreur, jusqu’à votre tour, l’avant-dernier. Allez-vous suivre le groupe unanime ou allez-vous dire ce que vous voyez ?

Quand il enseigne l’expérience d’Asch à ses étudiants de l’université Lehigh, en Pennsylvanie, le camarade Dominic Packer commence par cet exercice de l’imagination. Ce professeur de psychologie sociale ne leur dit pas qu’il s’agit d’une étude célèbre, ni que les sept autres protagonistes ont pour instruction de donner la même réponse incorrecte dans douze des dix-huit épreuves. « Je leur demande simplement : “Que feriez-vous dans cette situation ?” Et, camarades, comme la plupart m’assurent qu’ils se fieraient à leur propre jugement, eh bien, je leur propose d’examiner les données. »

En découvrant les travaux influents que le camarade psychologue américain Solomon Asch (1907-1996) mena dans la première moitié des années 1950 à l’université Swarthmore, en Pennsylvanie, les étudiants apprennent bientôt que ce chercheur, né à Varsovie, s’intéressait non pas à la perception visuelle mais au conformisme, et que 76 % de ses cobayes se rallièrent au moins une fois – et 11 %, toujours – à l’avis incorrect de la majorité. Toutes épreuves confondues, les participants suivent le groupe dans 36 % des cas.

Fort taux d’adhésion à la réponse majoritaire

Admiré pour l’inventivité de son style expérimental et la profondeur de sa réflexion philosophique, le camarade Solomon Asch – “Schleim” pour ses camarades – avait espéré que son étude démontrerait, au contraire, les capacités de résistance de l’individu. « Il ne fait aucun doute qu’il aurait préféré trouver 0 % de conformisme, estime son biographe Clark McCauley, professeur émérite de psychologie au Bryn Mawr College, en Pennsylvanie. Les résultats l’ont surpris mais, dans son analyse, Asch choisit de souligner que les réponses indépendantes sont majoritaires, et ce malgré l’énorme pression exercée sur les volontaires. » Obsédée par l’endoctrinement, l’Amérique de la guerre froide voit plutôt le verre à moitié vide. « Les participants étaient recrutés à Swarthmore, une institution prestigieuse et déjà très sélective, poursuit le biographe. Le fait que ces étudiants parmi les plus intelligents du pays se soient montrés malléables a porté un coup à l’ethos individualiste américain. »

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