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Mali : La nécessaire présence de l’armée française par docteur Sory Traoré .

sory-traoreQu’est-ce qui a changé entre le moment où le Mali était obligé de demander l’aide de l’armée française en 2013 et maintenant, étant donné que la menace n’a pas diminué ?

Si nous devons refaire la bataille de Konna, sommes-nous sûrs de la gagner cette fois-ci ?
Avons-nous une armée mieux équipée ?

 

Avons-nous des hommes mieux entraînés, plus nombreux et avec un meilleur moral ?

 

Sur quels indicateurs mesurables et mesurés se base-t-on pour penser qu’une situation sans les armées étrangères serait meilleure ?

 

Qu’est-ce que ces armées nous empêchent d’accomplir précisément ?

 

Je ne sais pas la logique qui conduit certains Maliens à demander le départ des forces étrangères.

 

 A mon avis, le vrai sujet est de savoir comment rendre leur présence productive pour le Mali.

 

Le cœur du sujet, c’est de savoir ce qui est fait aujourd’hui pour que les morts civiles et militaires cessent immédiatement d’une part ; et d’autre part, pour que l’armée malienne soit capable seule de défendre le pays.

 

Avec ces deux objectifs au cœur d’une pression populaire, il y a de bonnes raisons de penser que le Mali pourrait sortir par la grande porte en devenant même l’armée la plus puissante de la sous-région, la douleur et les épreuves forgeant les grandes armées.

 

La pression populaire doit d’abord demander des moyens pour l’armée, une gestion rigoureuse de ceux-ci et des fruits visibles. Cela passe par un leadership à la hauteur des enjeux.

 

Par la pression de l’opinion, on pourrait obtenir également une plus grande efficacité de la présence de l’armée française. La seule efficacité utile à long terme, c’est celle qui résulte de la coopération entre les deux pays.

 

Par exemple, des équipements acquis à la France qui produisent des résultats ou des formations données par des instructeurs français ou encore des forces spéciales mixtes des deux pays avec un objectif de transfert de savoir-faire.

 

Cependant une armée française menant seule des opérations, même réussies, n’est pas une approche viable à long terme pour le Mali. La durabilité des résultats et l’auto-suffisance de l’armée malienne à long terme sont moins aussi indispensables que l’efficacité à court terme.

 

Les équipements et les effectifs de Barkane sont connus, pourquoi ne peut-on pas les répliquer par des équipements et les effectifs maliens ? La coopération avec Barkane doit viser principalement à doter l’armée malienne du même niveau d’équipement, d’entraînement au combat et d’organisation que Barkane.

 

Pourquoi la Russie ne peut pas remplacer la France ? pourquoi ce n’est même pas souhaitable ?

 

La France est le meilleur partenaire stratégique pour le Mali si on a une vision claire et un partenariat franc.

 

Il faut tout d’abord préciser que la France n’est pas au Mali uniquement pour les beaux yeux des Maliens.

 

Elle poursuit des objectifs géostratégiques qui par chance ne sont pas en contradiction avec les intérêts du Mali, cependant ils ne sont ne pas toujours identiques.

 

Il faut obtenir de rester dans une situation de gagnant/gagnant, la France n’offrira rien sur un plateau d’argent. Si les autorités maliennes ne se montrent pas à la hauteur, la France poussera le rapport de forces jusqu’à son propre échec.

Contrairement aux apparences, le Mali a une marge de manœuvre et des atouts à jouer, entre autres les trois suivants :

  • * D’abord le Mali est devenu un pays pilote pour la France en matière de sécurité, c’est la seule région au monde où elle a tout pour réussir, elle a donc une obligation de résultats au Mali, il en va de sa crédibilité internationale. Un échec contre le terrorisme au Mali sera une menace majeure contre ses intérêts économiques, réduira son aire d’influence et signera le début de la fin d’une certaine présence française dans tout Sahel et une partie de l’Afrique de l’Ouest. La région est l’objet de convoitises de la part d’autres puissances. La situation géographique du Mali le rend incontournable et central dans la sous-région, ses ressources potentielles sont gigantesques, les capacités de nuisance également.

 

  • Ensuite toute erreur de France au Mali risque d’être amplifiée et de nourrir toute l’opinion publique des pays d’Afrique francophone avec des répercussions jusqu’en France métropolitaine.

 

  •  Enfin, il y a une diaspora malienne nombreuse en France dont une bonne partie vote et fait voter. Elle compte dans la diaspora africaine. Il suffit de voir les réussites de la ‘Nuit du Mali’. Elle n’a pas encore une influence politique décisive dans le système électoral français mais son pouvoir de nuisance pour un homme politique est sous-estimé par la France officielle.

 

 

Cette diaspora, souvent binationale, est loin d’être un pion de la France, elle a une égale exigence avec les instances de décision en France et au Mali. Elle contribue largement à la pression populaire.

Elle aspire à de véritables programmes de solidarité et de co-développement.

 

Ce sont les rêves de ces Maliens et Africains avec trait d’union qui pourraient sauver le potentiel de partenariats stratégiques productifs entre l’Afrique francophone et la France.

 

Ce sont là autant d’éléments d’influence et de pression mais aussi et surtout de moyens de co-développement qui font de la France le partenaire stratégique idéal pour le Mali irremplaçable par la Russie.

sorySory Traoré

Statistician, Ph.D.

Membre du Collectif BI-TON

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